Un cli sur l'image pour en savoir +
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Vestiges d'une autre vie
Plus de soixante années que je ne suis pas revenue dans ce village.
Je marche sur les sentiers familiers qui ont beaucoup changé, je reconnais à peine les lieux. Plusieurs boutiques ont fermé. Des immeubles sont construits. La vie a continué en fait.
Le jardin de ma grand-mère, autrefois débordant de soucis et de lavandes, n’est plus qu’un fouillis de fleurs sauvages. Je m'y arrête pourtant, caressant les tiges hautes comme on touche un fantôme.
Sur le chemin, dans un fossé, une paire de chaussons de danse et une photo, mouillées par la rosée, posées là comme une offrande mais oubliées, comme sorties d'un autre temps. Encore plus flétrie qu'une pomme qui se meurt.
Je la ramasse, et mon cœur se serre. Je me vois enfant, dans les bras de ma mère, un sourire immense fendu jusqu’aux joues. Les larmes me montent aux yeux car je n'ai aucun souvenir de cette image, mais je sais de suite que c’était réel.
Des éclats d’avant me reviennent en mémoire. Des choses oubliées par les autres, mais pas pour moi. Des choses si mauvaises que je voulais oublier pour toujours mais ce retour aux sources à tout réveillé !
Je ne pleure pas. Je remets doucement la photo sur le chemin d'avant, là où vivait ceux qui n'ont rien fait, rien dit alors qu'ils savaient tous !
Tout est de nouveau là, inscrit dans les silences du lieu et dans les recoins du plus profond de mes tripes.
Je vais remettre mon masque de l'oubli, celui qui me protège.
Mon totem de vie, celui qui soulage ma vie.
Je vais laisser au bord du chemin les vestiges d'un passé, ne pas rester comme un citron pressé d'agrémenter la sauce des regrets !
Je vais m'enfuir dans mes montagnes et de nouveau parcourir dans mon véhicule motorisé la route qui mène à la mer et je vais y larguer tous mes désespoirs, y jeté toutes mes souffrances de l'enfance, celles que je confie à chacun de mes chiens , sure que jamais personne ne saurait.
Soixante années sont passées… Je ne retournerai plus jamais là où j'ai laissé mon enfance perdue dans la perversité des grands...
Un retour aux sources trop douloureux, même si il aurait mieux valu ne pas, parfois c'est plus fort que soi d'y revenir..... amitiés, jill
RépondreSupprimerAh ! C'est un choix personnel évidemment, hein ! Magnifique texte, Ghislaine ! Bon samedi !
RépondreSupprimerLaisser derrière soi les souvenirs douloureux pour se protéger, c'est terrible de penser que tant de personnes sont obligées d'agir de cette façon. Tes lignes sont douloureuses et belles.
RépondreSupprimerBonne journée
Bises
C'est difficile de faire le chemin vers le passé.
RépondreSupprimerEn lisant ton texte, je pensais à mon père qui a laissé ma mère seule alors que je n'avais que 10 ans et à tout ce que ce qui a été changé dans ma vie.
J'aurais tant voulu être journaliste et faute d'argent, je suis passé à côté de ma vocation.
La fête des Pères fait remonter les souvenirs.
Bon week-end.
Chère Ghislaine,
RépondreSupprimerTes mots sont d'une force et d'une honnêteté bouleversantes. Je suis profondément touchée par ton récit, et la courageuse vulnérabilité que tu y déploies.
Prends soin de toi.
Bien amicalement, Marie Sylvie
Est-ce du vécu Ghyzou ? Si oui, touchant, émouvant. Je viens de voyager chez toi, tu écris beaucoup comme une majorité d'aminautes, j'admire votre inspiration les amies.
RépondreSupprimerJe t'écris séparément, bonne continuation, beau dimanche à vous en famille. Tendre amitié.
Oui Hélas..........Mes écrits sont souvent autobiographiques mais pas tous heureusement..........
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