PROPOSITION 95 CHEZ NANOU
Depuis sa vigie chamoniarde - un revers de main - à bout de souffle - au plus vite - des vases communicants - poste de garde - c’est ridicule.
antichambre – réflexion – amnésie – timbre – formulaire.
Thème. Ville
Le garde Barrière de la vallée du Paillon
Depuis sa vigie chamoniarde, perchée à flanc de montagne, Gabriel veillait sur les trains comme un berger sur son troupeau. Chaque jour, le poste de garde était son refuge, une antichambre de la vie trépidante des voyageurs. Il observait, inlassable, ces allers et venues, des vies entières se croisant en un clin d'œil sur les rails argentés.
Gabriel n'avait jamais quitté cette montagne. Sa vie entière se résumait à ce poste, à ces rails, à ce souffle de vie qui animait son quotidien. Son grand-père, son père avant lui, avaient été gardes-barrières. C'était une tradition familiale, un héritage qu'il chérissait, malgré l'isolement et la rudesse de l'hiver. Il se disait parfois que c’était ridicule de rester ainsi, attaché à un poste si humble, mais chaque train qui passait rappelait à Gabriel l'importance de sa mission.
Un matin, alors que le soleil se levait sur les cimes enneigées, une réflexion s'imposa à lui. Que se passerait-il s'il n'était plus là ? Les trains continueraient ils à circuler comme des vases communicants, transportant les espoirs et les rêves des voyageurs ? L'idée de son absence lui parut soudain insupportable. Mais ce matin-là, quelque chose était différent. Le timbre de la cloche résonnait plus fort, et un formulaire important, venu de la ville, l'attendait sur son bureau : une demande de transfert.
Gabriel souffla un coup, son esprit embrouillé comme frappé d'amnésie. Il avait toujours su que ce jour viendrait, mais le voir écrit noir sur blanc était un choc. Il signa le formulaire d'une main tremblante, chaque lettre résonnant comme un adieu à une partie de lui-même.
L'hiver s'installa, et avec lui, les tempêtes. Un soir, alors qu'il fermait la barrière, un dernier train s'annonça. Les vents hurlaient, les flocons tourbillonnaient, et Gabriel, à bout de souffle, courut au plus vite vers sa vigie. Il savait que ce serait son dernier acte en tant que garde-barrière.
Il leva la main, un geste qu'il avait fait des milliers de fois, mais cette fois, avec une émotion poignante. Le train passa, emportant avec lui les histoires des passagers, laissant Gabriel seul, les yeux embués. Il ferma la barrière, une dernière fois, un revers de main qui marquait la fin d'une époque.
Alors que les lumières du train s'estompaient dans la nuit, Gabriel quitta son poste de garde, la montagne entière semblant retenir son souffle. Sa mission était terminée, mais il savait que la vie continuerait, chaque fin marquant un nouveau début.
Dans le silence de la montagne, il se dit adieu, marchant vers la ville, le cœur empli de souvenirs et de regrets, mais aussi d'une certaine paix. La vie était un long voyage, et il était temps pour lui de découvrir ce qu'il y avait au-delà de sa vigie chamoniarde.
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La valse des Mots no 3
Hommage à Anastasia, la reine des tubes de vaches.
Étoile – Rêve – Mystère – Voyage – Liberté – Harmonie – Espoir – Passion.
Elle avait rêvé d'harmonie et d'espoir.
Mais son rêve est mort au lever du soleil.
Les étoiles n'ont pas été pour elle ce soir.
La passion de sa liberté est en veille.
Elle aurait voulu un beau voyage
Elle aurait voulu un peu de mystère.
Mais la fin rode dans son sillage.
Elle a perdu cette fois la guerre.
Doucement elle se laisse aller
Doucement elle s'endort enfin.
Elle ne souffre plus mon aimée.
Je repense à elle, à nos chemins.
Sept années que tu es partie, Ella,
Je ne t'oublies pas. Ton rire je l'entends.
Je pense si souvent à toi, Anastasia,
Dans mon cœur tu vis au présent.
Dire que la retraite arrive si vite finalement, de même que la dernière heure de chacun/e.... Gabriel partagera ses souvenirs; quant à l'être aimé il demeure dans les coeurs.... amitiés, jill
RépondreSupprimerJ'ai connu les gardes-barrières, dont une dame qui avait eu un accident, les deux jambes coupées par un train.
RépondreSupprimerJ'y pense si souvent à Ella, j'ai encore ses clusters, déjà 7 ans.
Il n'y a pas si longtemps, son blog était toujours ouvert.
Bises
J ai mis le lien de son blog dans mon texte. Oui toujours ouvert
SupprimerMerci ghislaine pour ce triste départ en retraite. Pas facile quand on aime son travail. Et merci pour cet hommage que tu fais à cette belle personne dont je viens de découvrir le blog.
RépondreSupprimerMerci ma Nanou c est très gentil
SupprimerDeux beaux textes émouvants, Ghislaine !!! Quel bel hommage pour Ella !!! Bonne soirée et nuit reposante. Gros becs
RépondreSupprimerQue ces deux textes sont émouvants ma copine ! Je pense que ton garde-barrière est le portrait d'une personne réelle ou alors ça y ressemble ! Et ton hommage à Ella me tire des larmes !
RépondreSupprimerBon mercredi et doux bisous
texte bien mené jusqu'à la chute inéluctable j♥
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